DÉCEMBRE ‘77

CE SOIR J’SUIS QUART DE CENTENAIRE
DANS UN ORAGE SANS TONERRE J’SORS DEHORS PRENDRE DE L’AIR
J’AVANCE EN TRANSE
J’M’ÉPANCHE DANS LES TRANCHES DE MA TENDRE ENFANCE
À ATTENDRE MA SENTENCE, PEU D’IMPORTANCE
CE QUE LE MONDE EN PENSE
J’M’ÉVOQUE L’ÉPOQUE ÉPIQUE DE MA VIE FUCKED UP ET BORDÉLIQUE
OU J’AVAIS PLUS D’ÉPINES DANS LE PIED QUE SE ROCK UN PORC-ÉPIC
J’AI PAS OPTÉ POUR LE HIP-HOP MAIS ADOPTÉ
EN TOTALITÉ DES PLUS BELLES VALEURS JUSQU’AU PLUS BAS INSTINCTS
J’AI TELLEMENT CAPOTÉ QU’À L’ÉPOQUE J’AI STOPPÉ
MA SCOLARITÉ, QUI AURAIT PU PENSER QUE C’TAIT RAPPEUR MON DESTIN
LE BEST RESTANT PEUT-ÊTRE QUE ÇA ÔTÉ
UN PEU DE PEUR DE MES INTESTINS
C’EST QUE SANS JUSQU’À DIRE QUE ÇA M’A SAUVÉ LA VIE
SANS MENTIR ÇA A DOSÉ L’ABUS
M’A AIDÉ À GRANDIR, À PAS ME FAUSSER LA VUE
JE PEUX PAS STOPPER LA NON, TANT QUE J’AI PAS TOPPÉ LE PLAFOND
PIS ROCKER TA RUE
DE TOUTE FAÇON MES PLUS BELLES CHANSONS
JE LES FERAI APRÈS TRENTE ANS
PAS DE THÈME DANSANT, INDEMNE MA PEINE D’ENFANT
DANS MES POÈMES SANGLANTS

REFRAIN 1 :
25 ANS DE DRAME DE MŒURS, DE COMÉDIE HUMAINE
25 ANS FAN DE KURT COBAIN, DE PLUIE DILUVIENNE
25 ANS DE BOUE, DE REMOUS, DE SABLES MOUVANTS
25 ANS DE LYRICS VERSÉES, DE SEMENCE DISPERSÉE À TOUS VENTS
25 ANS DE PURGÉ, IMMERGÉ DANS L’OCÉAN
DANS LA SCIENCE SUBMERGÉ, 25 ANS DE SOLITUDE
CINGLANT, MAL POLI, RUDE
50 SOLSTICES AUTANT D’ÉQUINOXES
25 ANS POSTICHES, 25 ANS DANS LE PORTIQUE
EN ATTENDANT DE METTRE MES CULOTTES

25 ANS SANS M’ABSENTER
AVANT D’ENTRER MON NOM AU PANTHÉON
À PATIENTER, À PENSER PENDANT 100 SAISONS
TSÉ LE TEMPS EST LONG
MAIS LE TALENT AIDANT, MAINTENANT ÉTANT DANS LES BONS
EN M’ENTÊTANT, JE CHANTAIS COMME SI MA VIE EN DÉPENDAIT
M’ENTENDAIT-ON?
FILS DE L’HIVER PIS DE LA TEMPÊTE
MA MISSION DANS TÊTE, JE ME LIBÈRE DE VOS FERS
J’DÉLIBÈRE DEVANT LA COMISSION D’ENQUÊTE
UN NET VIRAGE J’OPÈRE DANS MON PÈLERINAGE
J’GUIDE MON ÉQUIPAGE VERS UNE AUTRE TERRE
UN MORTEL VIRAGE
ÉCLOPÉ À TROTTER UNE TONNE DE MILLES AUX KILOMÉTRAGE
J’DOIS RACONTER MES MILLIONS D’ODYSSÉE
AVANT QUE SE TERMINE MON ÉPOPÉE
QUE MA VIE DÉFILE COMME UN LONG MÉTRAGE
J’AI ÉCOPÉ D’AFFRONTER LES LIONS DU COLISÉE
VIENT PAS ME DISSER, SI JE DEVIENS RICHE
J’PEUX TE NOTIFIER, DANS MES CLIPS
Y’AURA PAS DE SHIT DE CHICKS PIS DE CHARS LOUÉS
RIEN À CALISSER D’UN JET NOLISÉ
J’RESTE REAL AU TRIP DE L’ÉPOQUE
DE MES PREMIERS GRAFFITIS BARBOUILLÉS

REFRAIN 2 :
100 SAISONS DE FLORAISONS PIS DE MOISSONS
100 MILLIONS D’ÉMOTIONS DANS MES TERMINAISONS
DE TENTATIONS DEVANT L’ÉQUATION
100 SAISONS BLANCHES ET SÈCHES, DE TEMPS DE SÉCHERESSE
100 SAISONS MORTES, DANS MA MISSION
PLUS DE 100 TRAHISONS LAISSANT DES LÉSIONS QUE MA RAISON PORTE
100 SAISONS DE FOUDRE, DE POUDRERIE PIS DE BROUILLARD
100 SAISONS FOURBE SANS SAVOIR CROIRE EN QUI
PRIS DANS LE TROU NOIR, 100 SAISONS SOUS LE SOLEIL
100 SAISONS ENFUIES DANS TANT DE NUIT DE VEILLE, SANS SOMMEIL

100 SAISONS DE SALADES QUE J’AVALE
D’ESCALADE DE L’HIMALAYA
DE BALADES BANALES SANS RAISON VALABLE
DE BATAILLES AU VALHALLA
DE PALABRES QUI M’ACCABLENT
D’IDÉES MALADES DE PENDAISON MACABRE
DEVANT LA BÊTE PENDANT MA QUÊTE
QUAND JE TÂTAIS LE FOND DE LA LAME
AVANT DE RENAITRE QUAND DANS MA TÊTE
J’ENTENDAIS LE SON DE L’ALARME
AVOIR LE MONDE À REFAIRE PIS SUR MON ARTÈRE
LA PRESSION DE LA LAME
POUR UN POUCE, J’VOULAIS UN MÈTRE
J’EN DEMANDAIS PLUS, J’ATTENDAIS JUSTE QU’ON SE MAGANE
J’AVANÇAIS SANS ME RENDRE COMPTE
QUE CE QUI COMPTE LE PLUS C’EST PAS QUE LE MONDE M’ACCLAME
J’M’AJUSTE, JE ME FOND DANS LA SAVANE
J’AFFRONTE MA PANNE COMME LE DRAGON DE LA CAVE
À CHERCHER DE L’OR COMME AU YUKON DANS MA CABANE
J’AI EN VU PASSÉ DES LUNES
À CRACHER MES DARDS COMME UNE SARBACANE
LASSÉ DE TRACER MES INITIALES SUR LES DUNES
DES RUINES DES RIMES DE MES FREESTYLES DE CAVE
JUSQU’AUX SALVES DE MA PLUME
MES AMIS SAVENT COMBIEN J’ASSUME CHAQUE SYLLABE DE MÉTAL
SORTI DU LAB, DU FINI SALE DE MES RUNES

REFRAIN 3 :
25 ANS DE FOU RIRE OU JE SAVOURE
LE TROP COURT INSTANT EN ATTENDANT DE MOURIR
25 ANS DE CHAOS, MÉDITANT LE TAO
COMME LAO-TSEU
25 PRINTEMPS RADIEUX
L’ASTRE BRILLANT LÀ-HAUT M’A FAIT MAL AUX YEUX
25 CANICULES
POUR DONNER 25 ANS DE SOUVENIRS QUE JE MANIPULE
25 ANNÉES PASSÉES, MÊME NOMBRE D’AUTOMNES
À VIVRE DES SOMBRES SOIRÉES MONOTONES
25 HIVERS L’ATMOSPHÈRE GLACIAL DE L’AIR SPATIAL
25 ANS DE MYSTÈRES, ENTRE MES DEUX HÉMISPHÈRES
25 ANS DE GUERRE RACIALE

ENFIN, AVANT LA FIN DE MON RÉCIT J’LAISSE UNE PLACE
AUX GENS À QUI JE DIS MERCI, CE DISQUE JE LEUR DÉDICACE
LA FAMILLE ET AMIS EFFICACES
QUI ONT ÉTÉ LÀ POUR MOI
M’ONT ÉVITÉ LA FAMINE, LAISSER FAIRE MES CHOIX
MÊME QUAND ILS COMPRENAIENT PAS POURQUOI
POUR CEUX QUI M’ONT CRÉE, ONT ESSAYER DE ME DONNER LA FLAMME
LE DON DE RÊVÉ, À LA FEMME QUI M’A ÉLEVÉ
MALGRÉ LE PRIX À PAYER
J’CROIS QUE JE DOIS TOUT MAMAN
SAUF PEUT-ÊTRE MA VOIE, MON CREW PIS MON TALENT
MALGRÉ LES TRACES D’ABSENCE PATERNEL
ÉGALEMENT BIG PROPS À MON POP
C’EST CLAIR QU’IL Y A PAS D’HERTEL
MAIS Y’A UN PEU DE TOI DANS LE STOCK QUE JE CONCOCTE
PAS QUESTION D’IGNORER DANS MES COMPLIMENTS
L’ACCOMPLISSEMENT PUISSANT
DE MA VERSION AMÉLIORÉE MON COMPLÉMENT
YO BRO, UNE CHANCE QUE T’ES MON FRÈRE
J’PENSE J’PEUX PAS FAIRE D’OUTRO
SANS DE SHOUT-OUT À MES CONFRÈRES
MÊME SI JE VOUS PERDS DE VUE, DANS LES CONCERTS
J’SUIS FIER DE VOUS
SANS OUBLIER DE SOULIGNER
CEUX QUI M’ONT APPUYÉ
POUR LES DISPARUS J’VERSE PAR TERRE MON VERRE DE BROUE

REFRAIN 4 :
100 SAISONS DE FOLIE ORDINAIRE
D’EXHALAISONS POURRIES DU COLIS QUI DORT SOUS TERRE
100 SAISONS À PAS SAVOIR M’Y PLAIRE
J’AVALE TOUT COMME UN TAMANOIR
VA FALLOIR M’Y FAIRE
100 SAISONS RÉGULIÈRES
UNE VISION HÉRITIÈRE DE LA MISSION SÉCULAIRE
100 SAISONS À L’ANTENNE, SANS PEINE
J’VIE LA TÊTE À L’ENVERS, À LONG TERME
SANS FLAMME QUI ÉCLAIRE MA LANTERNE
100 SAISONS DES AMOURS
D’ESPOIR DÉJÀ À BOUT
ÊTRE À BOUT D’ÉVITER LA MORT
POUR MIEUX VOULOIR ME JETER DE LA TOUR